
La qualité des crevettes de Nouvelle-Calédonie, avait été mise en doute par Teva Rohfritsch, ministre de la Mer, lors du lancement d'un centre technique aquacole à Tahiti. Pour Tahitipresse, Enrique Braun-Ortega producteur de crevettes en Nouvelle-Calédonie répond à ses détracteurs. Son expérience en matière d'aquaculture lui a permis d'acquérir une certaine notoriété. Interview...
Tahitipresse : Que répondez-vous à ceux qui mettent en doute la bonne santé des crevettes calédoniennes ?
Enrique Braun-Ortega : Avant de répondre, j'aimerais évoquer l'élevage des crevettes en Polynésie française. D'après les déclarations du ministre, l'écloserie de Tahiti va produire 18 millions de post larves par an, pour un investissement de 534 millions Fcp. Notre écloserie n'a coûté que 220 millions Fcfp pour une production de 70 millions de post larves. Il faut savoir qu'en Nouvelle-Calédonie, chaque million de post larves produit 16 tonnes de crevettes. Pour produire cinq tonnes de crevettes en Nouvelle-Calédonie, il nous faut un hectare de bassin. Au total, on produit approximativement 288 tonnes de crevettes dans soixante hectares de bassin. Pour que Tahiti produise, comme il a été annoncé, 150 tonnes par an, il faut 25 hectares de bassins. C'est-à-dire trois fois plus que ce que possède actuellement Tahiti. Il est évident que Tahiti met la charrue avant les boeufs. Tout comme il est évident que l'investissement de l'écloserie à Tahiti (534 millions Fcfp) a été surdimensionné. D'autre part, Opunohu a arrêté les crevettes et la dernière petite ferme de Tautira n'est pas adaptée à la future production puisqu'il s'agit de bassins tests, datant de l'époque de l'Ifremer. L'écloserie que le ministère de la Mer projette pourra produire tout au plus 20 à 40 tonnes de crevettes par an, alors que la consommation locale est de l'ordre de 500 tonnes.
Tahitipresse : N'aviez-vous pas un projet d'écloserie identique à celui du ministère de la Mer ?
Enrique Braun-Ortega : Une écloserie était un élément intégré dans le projet que j'avais présenté il y a cinq ans. Certaines personnes du service de la Mer ont contré mon projet de Tautira. Ils ont sans doute pensé qu'en bloquant mon écloserie, ils m'obligeraient à acheter l'écloserie de Vairao. Le calcul est mal tombé, puisque j'ai totalement arrêté l'aquaculture en Polynésie française, que ce soit les poissons ou les crevettes.
Tahitipresse : Est-ce que la majorité des crevettes que l'on consomme à Tahiti proviennent de Nouvelle-Calédonie ?
Enrique Braun-Ortega : Non, les trois quarts des crevettes que Tahiti consomme sont importés de Thaïlande. Soit dit en passant, les crevettes crues, congelées ou fraîches, sont interdites d'importation en Nouvelle-Calédonie.
Tahitipresse : On vous accuse d'utiliser des antioxydants. Qu'en est-il ?
Enrique Braun-Ortega : Afin de rétablir la réalité des choses, notamment pour rectifier les propos erronés tenus à l'encontre de la crevette produite en Nouvelle-Calédonie, je tiens à préciser que le métabisulfite est un conservateur (antioxydant) classé en tant qu'additif alimentaire par la réglementation. Son utilisation est très répandue aussi dans la production œnologique entre autres. Dans le cas précis de la crevette, son utilisation permet d'éviter la mélanose (noircissement) de la carapace . La réglementation européenne fixe le taux à 150 ppm. Dans le cadre de notre production en Nouvelle-Calédonie, nous avons volontairement choisi le critère du Codex Alimentarius qui est plus sévère que celui de la réglementation européenne.
Tahitipresse : Que la crevette soit élevée à Tahiti ou en Nouvelle-Calédonie, le sulfite est-il indispensable ?
Enrique Braun-Ortega : L'utilisation de métabisulfite est incontournable et même pour les crevettes "bio" de Madagascar. Les producteurs ont eu une dérogation pour utiliser le métabisulfite dans le conditionnement de leurs crevettes exportées en Europe. Je défie donc les producteurs polynésiens de pouvoir s'en passer s'ils veulent conserver leur produit en chambre froide ou d'exporter éventuellement leur produit congelé. Sans métabisulfite les carapaces des crevettes noircissent et visuellement ce n'est pas appétissant même si elles sont parfaitement consommables.
Tahitipresse : Peut-on consommer une crevette crue de Nouvelle-Calédonie sans risque ?
Enrique Braun-Ortega : Consommer une crevette crue n'a aucun lien avec l'utilisation ou non de conservateur. On peut manger un produit cru lorsque celui-ci a été conservé dans de bonnes conditions d'hygiène en ayant limité toute prolifération bactériologique (respect de la chambre froide, conditions sanitaires parfaites...). La crevette produite en Nouvelle-Calédonie (L.stylirostris ou Pacific blue shrimp) est exempte de maladies réputées contagieuses ou d'autres pathologies.
Tahitipresse : Il a été dit que de jeter les carcasses de crevettes importées dans le lagon était néfaste à l'écosystème !
Enrique Braun-Ortega : Je ne vois pas comment elles peuvent contaminer des écosystèmes. Cette mise en garde alarmiste n'est pas fondée à l'encontre de la crevette de Nouvelle-Calédonie. Les antibiotiques sont autorisés uniquement en écloserie. Par conséquent, on ne retrouve aucune trace d'antibiotique dans la chair des crevettes produites. Tous les ans, il y a un plan de surveillance mis en place par la Direction des Affaires Vétérinaires, Alimentaires et Rurales sur les crevettes produites en Nouvelle-Calédonie et aucune trace d'antibiotique n'a été détectée. Les crevettes achetées sur nos fermes par des Polynésiens qui rentrent au pays font l'objet de déclaration aux douanes et sont accompagnées des documents appropriés délivrés par les autorités sanitaires. Pour conclure : une fois par an, un plan de contrôle a lieu pour vérifier qu'il n'y a pas de résidus de pesticides, d'antibiotiques, de sulfites, d'hydrocarbures et autres dans la chair de crevettes calédoniennes. Par ailleurs, deux fois par an, a lieu l'intervention du réseau épidémiovigilance Ifremer pour la recherche d'éventuelles maladies. Les crevettes que nous importons sur Tahiti ont toutes les garanties de qualité sur le plan bactériologique et sanitaire.
2 commentaires:
Bonjour, ceci est un premier commentaire "test", merci de ne pas en tenir compte
Bonjour Hiro, ceci est notre second commentaire que tu refuseras en tant que modérateur.
Ne pas tenir compte de ce message.
GjM
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